Mon histoire est loin d’être unique. J’ai eu l’occasion de m’en apercevoir en parlant autour de moi. Certaines personnes possèdent de façon innée la faculté d’utiliser leur pensée pour agir sur leur corps, d’autres, comme moi, l’ont appris par hasard ou avec l’aide d’un thérapeute. Primitives ou plus élaborées, les diverses formes de l’autohypnose peuvent influencer le cours de la maladie, parfois prolonger la vie au-delà du pronostic, parfois aussi mener à la guérison contre toute attente. C’est ce que Carl Simonton avait observé chez ses malades et c’est en partant de ce constat qu’il a développé avec Stéphanie Matthews Simonton la méthode que j’ai utilisée parmi d’autres.
Au cours des dernières décennies, les médecins ont dû s’adapter aux nouvelles attitudes des patients, qui s’informent désormais sur Internet. De ce fait, peut-être, les patients semblent être devenus plus exigeants quant à la qualité de la communication avec leur médecin. Les signes en apparaissent dans les facultés de médecine où cet aspect de la profession est plus présent dans l’enseignement. Ainsi, à Lausanne, les étudiants en médecine pratiquent un jeu de rôle au cours duquel ils communiquent à un patient (un comédien) que son cancer est incurable. La psycho-oncologie s’introduit progressivement dans le processus de soins. C’est un premier pas très réjouissant.
Verrons-nous un jour les psychothérapeutes rejoindre les équipes soignantes en oncologie et enseigner l’autohypnose aux patients réceptifs à ces techniques ? Je n’ai pas perdu tout espoir à cet égard. En effet, doutes, mépris, scepticisme se sont souvent opposés à des méthodes dont on ne pouvait pas « matériellement » mesurer les effets. Or, les instruments d’investigation toujours plus sensibles permettent désormais de mettre ceux-ci en évidence. Depuis une décennie, les neurosciences apportent des preuves de ce que les psychologues savent depuis longtemps : la pensée peut avoir une action sur le cerveau, générer des modifications physiologiques et stimuler le système immunitaire[1]
[1]Guérir par la pensée / La preuve en 15 expériences
Science&Vie octobre 2013 / No 1153